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Vingtième jour


Allan regagna son petit appartement et ne put s'empêcher malgré l’accord de confidentialité qui le liait à l’armée, d’aller traîner sur un forum où des astronomes amateurs venaient parler de leur découverte, un certain nombre y partageaient leurs théories sur une possible vie extra-terrestre. Mais elles ne tenaient pas debout, c’était à ce moment-là qu’Allan devait se contraindre à ne pas s’engager dans le débat, de peur de devoir révéler ses sources. Il savait que l’armée ne ferait pas long feu s’il se mettait à parler, et qu’il était finalement celui qui était le plus susceptible de le faire.
Néanmoins, il continuait de venir pour discuter de sa passion pour les étoiles. Notamment avec la jeune “Starflight06”. Ils échangeaient de longs messages et c’était enthousiasmant.

Depuis quelques jours, une rumeur prenait de plus en plus d'ampleur. Des petits génies avaient piraté l'un des télescopes de Kourou. Les scientifiques y surveillaient l‘approche d’un corps étranger. Jusqu’à peu, il ne paraissait pas menaçant, il allait croiser au large de la terre. Mais pour une raison inconnue sa trajectoire était en train de s’infléchir.
Starflight06 lui annonça un matin qu’elle allait se rendre dans le grand observatoire de sa ville pour en avoir le cœur net. Il l’y encouragea, et lui dit que de son côté il essaierait aussi d’en savoir plus.

Elle quitta son appartement près de l’église Saint Roch, rejoignit la rue des oranges, puis le boulevard Bischoffsheim, en longeant le parc du vinaigrier. Elle fut contente d’aimer le vélo en roulant sur le boulevard de l’observatoire.
En arrivant devant, elle prit quelques instants pour observer ce lieu qui avait toujours revêtu une certaine importance pour elle. C’était comme un refuge, une seconde maison, surtout depuis que son frère aîné avait quitté la maison pour aller étudier à l’autre bout du pays.
Elle le connaissait tellement sous ses moindres recoins : ces quelques marches qu’il fallait monter pour accéder aux portes vertes, passer sous la statue d’Apollon qui surveillait les portes. A l’intérieur, une salle unique contenant le télescope, ainsi que le dispositif d’ouverture du toit, un vieil ordinateur sur un bureau de bois.

Mais aujourd’hui, une petite foule s’était rassemblée devant et pointait le bâtiment du doigt. Elle s’arrêta et écarquilla les yeux devant ce qu’elle voyait. Quelqu’un avait tendu une énorme bâche qui recouvrait tout le bâtiment. Mais deux éléments la surprenaient : ses couleurs, un bleu nuit piqueté de points jaunes, une sorte de ruban doré lui donnait l’air d’un cadeau géant. Les gens qui avaient fait cela avait même poussé la plaisanterie, jusqu’à fabriquer une étiquette géant qui portait son pseudo. Elle le relut plusieurs fois, tandis que les gens aux alentours se tournaient vers elle avec le sourire. Un homme à la quarantaine bien tassé, avec une calvitie avancée, s'approcha en portant un gâteau.

“Joyeux anniversaire, Starflight06, c’est fou ce qu’il faut inventer comme rumeur pour te faire sortir de ta tanière !”

Les applaudissements l’empêchèrent de répondre, et soudain elle eut comme un soupçon en reconnaissant certains des membres du forum d’après quelques photos qu’ils avaient posté d’eux. Elle se mit à rire aussi.

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Présentation du projet

Bonjour à toi, Lecteur de passage, Pendant vingt-quatre jour, tu vas pouvoir parcourir une multitude d'univers différents. Bon voyage ! Genèse du projet : J'ai proposé à une amie écrivaine un premier projet. Nous choisissions cinq mots chacune, pour écrire chacune dix textes. L'objectif étant d'écrire sur le même mot mais sur deux sens différents. Ce projet est la suite du premier. Nous devions écrire vingt-quatre textes d'une seule page pour faire un calendrier de l'avent textuel. Le fil rouge étant la transmission d'un cadeau d'histoire en histoire. J'ai décidé de me rajouter un petit objectif personnel en plus : que le cadeau grossisse de texte en texte, passant de la taille d'une graine à celui d'une planète. Vous pourrez vous inscrire à la newsletter pour recevoir le texte du jour dans votre boîte mail. N'hésitez pas à commenter les textes, j'envisage de continuer ceux qui plaisent le plus. Bonne lecture ! 

Premier jour

L’ambiance dans la petite jardinerie de quartier évoquait plus la serre tropicale d’un fleuriste fou qu’un magasin où l’on pouvait acheter un bouquet pour la fête des mères. En apercevant la boutique de l’extérieur, on pouvait se demander si elle était réellement ouverte. En passant la porte, il fallait quelques instants pour s’habituer à l’odeur d’humus. Il y régnait une moiteur étouffante, on pouvait difficilement circuler sans heurter le coin d’une table, devoir écarter une liane ou quelques autres feuilles d’une plante qui se serait étendue hors de son pot. Mais la propriétaire, une petite mamie qui se déplaçait à l’aide d’une canne, adorait cette ambiance particulière, il faut dire que les plantes qu’elle vendait ne pouvaient pas orner tous les balcons. Elles étaient carnivores ! Elle avait toujours aimé les fleurs et les plantes en général, si bien que ce métier s'était imposé à elle, suite a sa reconversion : auparavant elle était botaniste mais en avait eu marre qu'on

Sixième jour

Sitôt que la pluie se fut arrêtée, un sifflement retentit en bordure sud de la clairière, tandis qu’à son exacte opposé se faisait entendre un son similaire. Les herbes hautes se mirent à bouger, comme si une armée s’y déplaçait. Un petit escadron jaunes et noirs d’éclaireuses volantes surgit du nord pour observer l’emplacement du champs de bataille. Tandis qu’au sud, les herbes s’écartèrent pour livrer passage à un régiment de scarabée poussant leur boule de fumier. L’armée fit son apparition, répartit en une douzaine de file indiennes derrière des fourmis combattantes. Mais au sud, une armée de couleur rouge était aussi en train d’organiser ses colonnes. Elle était accompagnée par une dizaine de coccinelles qui protégeaient ses flancs. Les hautes herbes continuaient de remuer, signe que tous les renforts n’étaient pas encore arrivés. Des battements d’ailes se firent entendre tandis que surgissait du couverts des arbres un papillon Paon-du-Jour sur lequel se tenait le général sudiste,