Accéder au contenu principal

Quinzième jour


Rapport : “Nuit du 15 décembre 2020. Inspecteurs présents : Wotson et Herlack.
Contexte : l’un des suspects dans l’affaire a été repéré à plusieurs reprises à pénétrer dans ce bâtiment. Il appartient à une entreprise de décor de cinéma. Les agents ont été en planque depuis deux heures : la présence du suspect n’a pas été avérée. Hormis l’instinct d’Herlack qui a tenu à ce que son sentiment soit inscrit dans ce rapport.

Journal : Je le sens dans mes tripes, il est là dedans pour préparer son prochain coup. On attend depuis des heures sans que Wotson me laisse tenter de m’infiltrer dans le hangar.

Rapport : L’inspecteur Wotson s’est absenté de la voiture pour satisfaire un besoin pressant. A son retour dans le véhicule de patrouille, son coéquipier n’était plus là.

Journal : Lorsque mon collègue part enfin chercher des viennoiseries, j’en profite pour m'infiltrer dans l'entrepôt par un soupirail. Je me faufile à travers les décors en cours de construction. J’ai conscience que l’on dirait une scène tirée d’une série B. Le hangar est dans le noir, excepté une zone lumineuse. Je me faufile à travers des monstres, des véhicules et des reproductions de lieux. Le suspect me tourne le dos, il découpe des planches pour fabriquer un cercueil. Mais ses dimensions sont hors norme : environ deux mètres de haut.

Rapport : L’inspecteur Herlack a déserté de son poste à 19h32.

Journal : J’entends le bruit d’une scie, mais je ne le vois pas bouger. Je prends le risque de m’approcher. Lorsqu'une vive douleur s'abat sur mon poignet pour me faire lâcher mon arme, on me pousse violemment, je tombe dans un cercueil ouvert. Le couvercle se rabat, j’entends des clacs métalliques. Je sais avant même d’avoir essayé que je suis prisonnier.

Rapport : L’inspecteur Herlack n’a pas regagné le véhicule de patrouille. L’inspecteur Wotson a prévenu le poste de sa disparition. Il a attendu les consignes du commissaire.

Journal : J’entends des bruits inidentifiables à travers la paroi de bois. J’ai l’impression qu’il prépare son prochain crime. Je dois l’en empêcher, mais comment faire en étant prisonnier ? Je fouille mes poches, trouvant par la même occasion mon couteau suisse. J'aperçois un rai de lumière sur la jointure. Je décide que la délivrance viendra de là. J’insère la lame de manière à faire levier. Ça bouge peu à peu, mais je dois y aller doucement, en silence. L’attache cède enfin. Il me faut me contorsionner pour atteindre la deuxième attache. Soudain, le couvercle s’ouvre. Je brandis mon couteau suisse, mais le suspect a disparu.

Rapport : L’inspecteur Wotson a signalé qu’un homme de grande taille, vêtu d’un trench de couleur sombre, et d’un chapeau de feutre blanc venait de quitter l’entrepot.

Journal : Je décide de fouiller les lieux. Je repère la camionnette du suspect, qui lui sert sans doute d’alibi. Me vient alors une idée, que j’espère ne pas regretter. Je me glisse dans l’un des cercueils présent dans le véhicule tout en me demandant si je n’ai pas affaire à un tueur en série. L’attente est longue, je finis par m'assoupir.

Rapport : L’inspecteur Herlack a quitté la planque depuis 3h30. L’allocation du véhicule arrivant à son terme, l’inspecteur Wotson a regagné le commissariat.

Journal : Un bruit vient de me réveiller. La camionnette se déplace, puis s’arrête. J’entends le déchargement des cercueils autour de moi, puis vint le tour du mien. Peu de temps après, j’entends des gens discuter à voix basse, le bon moment c’est maintenant !

Rapport : Au moment où le couvercle du cercueil s’est ouvert, les collègues autour de celui-ci ont lancé des confettis en criant “joyeux anniversaire !” avant de le conduire à son cadeau d'une dimension incroyable, emballé dans un papier bleu orné d’un ruban jaune. L’inspecteur Wotson a été très curieux de connaître le contenu de ce cadeau. L’inspecteur Wotson espèrera que le commissaire l’excusera pour la conclusion inappropriée du rapport.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Onzième jour

Ils se retrouvèrent quelques jours après la cérémonie de répartition dans la bibliothèque. “Je suis retournée le lendemain sur le chemin de traverse, mais figurez-vous que la boutique avait disparu comme si elle n’avait jamais existé” Fit Abigail, tandis que Tom ricanait. “Je ne suis pas d’accord, je pense juste que certaines choses sont inexplicables.” Fit Alex en caressant une sorte de mini hippogriffe qu’il avait eu dans son cadeau. “Bon et toi, Abi, tu ne veux toujours pas nous dire ce qu’il contenait ?” Fit Lucia. Son amie sourit sans répondre. Comme si la troisième règle devait continuer de s’appliquer. “Vous avez vu ce que le professeur Brûlopot nous fait étudier comme premier livre ?” Il était une fois un capitaine de navire qui chassait le narval dans la mer arctique, pour leur corne. Il n’avait qu’un petit bateau, puisque les autres marins ne lui accordaient pas de foi, depuis qu’il avait perdu sa jambe et son bras gauche le conduisant à ne se déplacer qu’en longeant la coque...

Deuxième jour

La souris grise ne prit le temps d'examiner sa trouvaille qu'une fois en sécurité. C'était une sorte de minuscule cadeau cubique vert, entouré d'un flot rouge décoré de deux rangées de triangles blancs, qui n'était pas sans rappeler la chose qui avait tué son compagnon. Il aurait dû être moins glouton. L'étrange cadeau sentait comme une graine, si bien qu'elle le déposa dans sa réserve de nourriture. Celle-ci était un dé à coudre en plastique qu'elle pouvait transporter. Cet objet était indispensable à la réalisation du PLAN : le Projet de Libération des Albinos Natives. Elle les avait vu toutes ces pauvres souris blanches qui vivaient entassées en attendant de finir sacrifiées. Mais jusque-là, elle n'avait pas trouvé le courage de quitter sa petite routine pour partager leur combat. Elle les entendait tous les soirs, se disputer sur la meilleure méthode et tenter des évasions qui n'aboutissaient que très rarement. Mais ça c'était avant que s...

Sixième jour

Sitôt que la pluie se fut arrêtée, un sifflement retentit en bordure sud de la clairière, tandis qu’à son exacte opposé se faisait entendre un son similaire. Les herbes hautes se mirent à bouger, comme si une armée s’y déplaçait. Un petit escadron jaunes et noirs d’éclaireuses volantes surgit du nord pour observer l’emplacement du champs de bataille. Tandis qu’au sud, les herbes s’écartèrent pour livrer passage à un régiment de scarabée poussant leur boule de fumier. L’armée fit son apparition, répartit en une douzaine de file indiennes derrière des fourmis combattantes. Mais au sud, une armée de couleur rouge était aussi en train d’organiser ses colonnes. Elle était accompagnée par une dizaine de coccinelles qui protégeaient ses flancs. Les hautes herbes continuaient de remuer, signe que tous les renforts n’étaient pas encore arrivés. Des battements d’ailes se firent entendre tandis que surgissait du couverts des arbres un papillon Paon-du-Jour sur lequel se tenait le général sudiste,...