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Quatrième jour




Après que leur enfant se soit couché, il lui proposa de regarder un vieux film qu’il avait retrouvé. Elle accepta et ils s’installèrent dans le canapé. Elle se mit à rire, quand elle reconnut le générique, même s’ils connaissaient le film par cœur, ils se laissaient chaque fois entraîner par l’histoire. Peut-être parce qu’ils connaissaient l’un des protagonistes de cette histoire, l’un de ces hommes de l’ombre qui font tourner les rouages de ces grosses machines.

Elle se laissa bercer par le vieux film, tandis qu’elle se revoyait vaquer dans l’atelier de sa famille, embêtant son grand-père tandis qu’il assemblait l’un de ses futurs chefs-d'œuvre. Il n’y avait guère que les nobles du premier district qui pouvaient se payer ses créations, si bien qu’il n’avait pas forcément beaucoup de commandes comparé à certains de ses concurrents. Mais selon lui, tant que sa famille était à l’abri du besoin, il n’avait pas besoin de travailler plus. Il pouvait se donner le luxe de laisser aller sa créativité.

Elle avait souvenir d’un jour particulier, où il était rentré plus tard à la maison pour terminer une commande, quand elle lui avait demandé comment s’appelait la dame qui le porterait, il s’était contenté de sourire en disant qu’elle ne serait pas d’accord qu’il révèle son identité.
“Peut-être qu’un jour, tu prendras ma place, puisqu’il semble que ton père ait choisi une autre voie. Tu sembles avoir du talent pour trouver les bonnes compositions. Mais il te faudra apprendre à garder secrète l’identité de nos clients. Ceux-ci viennent nous voir nous plutôt que la concurrence pour avoir des créations originales.”
Elle l’avait aidé depuis ce jour en effectuant des menues tâches.

L’un de ses autres souvenirs étaient la confection de ces dizaines de papillons monarques afin d’agrémenter le chapeau ainsi qu’une sorte d’ornement pour sa robe. Nous y avions réellement passé des heures, mais quand je l’ai vue portée à travers l’écran, j’ai su que notre travail avait porté ses fruits et que mon grand-père avait sûrement commencé à réfléchir à la prochaine création qu’elle pourrait porter.

Sur la table du salon, elle aperçut à travers la vieille trousse de son mari, une plume violette qui lui évoqua un autre souvenir sur la première création qu’elle avait conçue sans l’aide de son grand-père. C’était une création compliquée dans les tons violet, une rose composée de divers rubans et de tissus en tulle, agrémenté d’un papillon dans les mêmes teintes. Pour compléter cette tenue, elle ajouta une écharpe qui semblait être faite de pétale de fleur.

Cette création avait lancé sa carrière, puisque Effie Trinket elle-même l’avait nommé quand le présentateur, Caesar Flickerman lui avait demandé d’où lui venait son ensemble. Depuis ce moment, à la plus grande joie de son grand-père, c’était elle qui avait créé les accessoires des tenues de Effie Trinket. Jamais elle ne l’avait vu aussi heureux que cette fois-ci.

Elle se demanda ensuite ce que sa vie serait devenue si elle avait réellement vécu à l’époque des hungers games plus longtemps que le tournage des quatres films.

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Présentation du projet

Bonjour à toi, Lecteur de passage, Pendant vingt-quatre jour, tu vas pouvoir parcourir une multitude d'univers différents. Bon voyage ! Genèse du projet : J'ai proposé à une amie écrivaine un premier projet. Nous choisissions cinq mots chacune, pour écrire chacune dix textes. L'objectif étant d'écrire sur le même mot mais sur deux sens différents. Ce projet est la suite du premier. Nous devions écrire vingt-quatre textes d'une seule page pour faire un calendrier de l'avent textuel. Le fil rouge étant la transmission d'un cadeau d'histoire en histoire. J'ai décidé de me rajouter un petit objectif personnel en plus : que le cadeau grossisse de texte en texte, passant de la taille d'une graine à celui d'une planète. Vous pourrez vous inscrire à la newsletter pour recevoir le texte du jour dans votre boîte mail. N'hésitez pas à commenter les textes, j'envisage de continuer ceux qui plaisent le plus. Bonne lecture ! 

Premier jour

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Sixième jour

Sitôt que la pluie se fut arrêtée, un sifflement retentit en bordure sud de la clairière, tandis qu’à son exacte opposé se faisait entendre un son similaire. Les herbes hautes se mirent à bouger, comme si une armée s’y déplaçait. Un petit escadron jaunes et noirs d’éclaireuses volantes surgit du nord pour observer l’emplacement du champs de bataille. Tandis qu’au sud, les herbes s’écartèrent pour livrer passage à un régiment de scarabée poussant leur boule de fumier. L’armée fit son apparition, répartit en une douzaine de file indiennes derrière des fourmis combattantes. Mais au sud, une armée de couleur rouge était aussi en train d’organiser ses colonnes. Elle était accompagnée par une dizaine de coccinelles qui protégeaient ses flancs. Les hautes herbes continuaient de remuer, signe que tous les renforts n’étaient pas encore arrivés. Des battements d’ailes se firent entendre tandis que surgissait du couverts des arbres un papillon Paon-du-Jour sur lequel se tenait le général sudiste,