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Troisième jour




Le petit garçon faisait sagement ses devoirs dans le salon. Entendant le bruit d’un objet tombant sur le sol dans la pièce d'à côté, il se leva pour voir si le serpent ne s’était pas échappé, mais son attention fut attiré par un petit objet blanc. C'était une gomme. Il revint à sa place, au moment où son père arrivait dans le salon pour lui demander pourquoi il était allé dans son bureau. Le garçon bredouilla quelques mots au sujet du reptile. Son père tendit la main, ayant remarqué que son fils semblait tenir quelque chose.

"Où as-tu trouvé cela ?”
“C’était par terre.” Lui répondit son fils en se demandant s’il allait se faire disputer.
“Sais-tu d’où ça vient ?” Fit son père, radoucit, avant d’inviter son enfant sur ses genoux.
“De ton bureau ?”
“Cette gomme n’est pas à moi, puisque tu l’as trouvé, garde-la, cela te fera un trésor.”
L’enfant se mit à sourire.
“Tu as d’autres trésors de ce genre ?”

Sous le regard amusé de son père, il hocha la tête avec enthousiasme et attrapa sa trousse, dont il commença à sortir le contenu, le posant soigneusement sur la table. L’enfant se mit à lui expliquer dans quelles circonstances il les avait obtenues. Son père s’absenta un moment dans son bureau, puis revint avec une vieille trousse de cuir.

“Moi aussi, j’avais quelques trésors, mais j’étais bien moins observateur que toi.”
Il lui montra un stylo-plume ainsi que le pot d’encre de chine.
“Veux-tu que je te raconte comment j’ai rencontré ta mère ?” L’enfant hocha la tête avec joie.
“J’étais un peu plus âgé que toi. Dans l’école où j’allais nous avions un professeur d’arts qui tenait absolument à ce que nous fassions un projet à l’encre de chine. Sauf que j’avais beau m’entraîner, je ne parvenais qu'à faire de gros pâtés sur mes feuilles. Si bien que l’enseignant a fini par me mettre en binôme avec une jeune fille qui…”
“C’était maman c’est ça ?” Intervint le petit garçon.
“Si tu veux connaître la suite, tu ne dois pas m’interrompre.” Fit son père, faussement fâché.
“Pardon.” L’enfant arborait un air contrit de circonstance.
“C’était une jeune fille qui venait d’arriver dans notre école. Comme elle ne connaissait personne, elle passait son temps à dessiner. Le professeur l’avait remarqué.”

Elle accepta de venir à la maison, afin que nous puissions nous entraîner.
“Nous avons découvert que nous avions des goûts en commun et cela nous a rapprochés. ”
L’enfant souriait, en s’imaginant ses deux parents.
“Quelques années plus tard, quand nous avons terminé nos études, je lui ai demandé de m’épouser, et tu es arrivé ensuite. Bien, la pause est termin...”
Le petit garçon remarqua un éclat de couleur violet qui dépassait de la trousse de son père.
“Et ça, tu me raconte son histoire ?”
“Une autre fois, il faut que tu finisses tes devoirs.” Son regard resta posé sur la plume un moment, tandis qu’un léger sourire naissait sur son visage.

La déception qu’il lu sur le visage de son fils le décida à retourner dans son bureau, il revint avec un petit paquet cadeau noir au ruban rouge. L’enfant l’ouvrit et un grand sourire éclaira son visage, tandis que son père posait le porte-plume près du petit cadeau.
“Je t’apprendrai à faire des belles formes, ou alors tu iras voir ta mère.” 
Ils se mirent à rire tous les deux.

Commentaires

  1. Je ne peux que te féliciter pour ton style et l'élégance de ce récit. Je constate que ta persévérance donne des résultats. :-)

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    1. Je suis contente que cela se voit. La taille du texte qui ne devait pas faire plus d'une page pousse à aller à l'essentiel. C'était un challenge intéressant !

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  2. Toujours aussi charmante cette histoire, et mignonne, j'adore ♥

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Présentation du projet

Bonjour à toi, Lecteur de passage, Pendant vingt-quatre jour, tu vas pouvoir parcourir une multitude d'univers différents. Bon voyage ! Genèse du projet : J'ai proposé à une amie écrivaine un premier projet. Nous choisissions cinq mots chacune, pour écrire chacune dix textes. L'objectif étant d'écrire sur le même mot mais sur deux sens différents. Ce projet est la suite du premier. Nous devions écrire vingt-quatre textes d'une seule page pour faire un calendrier de l'avent textuel. Le fil rouge étant la transmission d'un cadeau d'histoire en histoire. J'ai décidé de me rajouter un petit objectif personnel en plus : que le cadeau grossisse de texte en texte, passant de la taille d'une graine à celui d'une planète. Vous pourrez vous inscrire à la newsletter pour recevoir le texte du jour dans votre boîte mail. N'hésitez pas à commenter les textes, j'envisage de continuer ceux qui plaisent le plus. Bonne lecture ! 

Premier jour

L’ambiance dans la petite jardinerie de quartier évoquait plus la serre tropicale d’un fleuriste fou qu’un magasin où l’on pouvait acheter un bouquet pour la fête des mères. En apercevant la boutique de l’extérieur, on pouvait se demander si elle était réellement ouverte. En passant la porte, il fallait quelques instants pour s’habituer à l’odeur d’humus. Il y régnait une moiteur étouffante, on pouvait difficilement circuler sans heurter le coin d’une table, devoir écarter une liane ou quelques autres feuilles d’une plante qui se serait étendue hors de son pot. Mais la propriétaire, une petite mamie qui se déplaçait à l’aide d’une canne, adorait cette ambiance particulière, il faut dire que les plantes qu’elle vendait ne pouvaient pas orner tous les balcons. Elles étaient carnivores ! Elle avait toujours aimé les fleurs et les plantes en général, si bien que ce métier s'était imposé à elle, suite a sa reconversion : auparavant elle était botaniste mais en avait eu marre qu'on

Sixième jour

Sitôt que la pluie se fut arrêtée, un sifflement retentit en bordure sud de la clairière, tandis qu’à son exacte opposé se faisait entendre un son similaire. Les herbes hautes se mirent à bouger, comme si une armée s’y déplaçait. Un petit escadron jaunes et noirs d’éclaireuses volantes surgit du nord pour observer l’emplacement du champs de bataille. Tandis qu’au sud, les herbes s’écartèrent pour livrer passage à un régiment de scarabée poussant leur boule de fumier. L’armée fit son apparition, répartit en une douzaine de file indiennes derrière des fourmis combattantes. Mais au sud, une armée de couleur rouge était aussi en train d’organiser ses colonnes. Elle était accompagnée par une dizaine de coccinelles qui protégeaient ses flancs. Les hautes herbes continuaient de remuer, signe que tous les renforts n’étaient pas encore arrivés. Des battements d’ailes se firent entendre tandis que surgissait du couverts des arbres un papillon Paon-du-Jour sur lequel se tenait le général sudiste,