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Douzième jour



“Au fait ta grand-mère, elle continue sa guerre contre les livreurs ?”
“Celle qui vit sur l'île de Moylaun ? Son dernier exploit devrait te faire rire, je te raconte.”

Tout avait commencé quand la dite grand-mère avait perdu son dernier chat, l’ancêtre, un vénérable chat noir de 26 ans, ce qui était très remarquable pour un félin. Mais cela avait mené à un problème, elle n’avait plus que 12 chats, ce qui était inacceptable pour une sorcière de sa renommée. Elle s’était donc mise en quête de son treizième familier. Mais en trouver un bon, relevait souvent du parcours du combattant. Si bien qu’elle avait envoyé des hiboux porter son annonce un peu partout. Et qu’elle avait fini par trouver la perle rare, en l’existence d’un MaineCoon, dit Dunkan des Macleod. Mais l’inconvénient c’est que celui-ci se trouvait en Autriche, et qu’elle ne se déplaçait plus, à cause de son arthrite.

Elle dût faire appel à ses escrocs de Amazing, puisque c’était à l’international et qu’ils étaient les seuls à pouvoir la livrer. Tout cela à cause du référendum que les peuples du Royaume-Uni avaient voté et que le gouvernement magique d’Angleterre avait appliqué. C’était devenue la croix et la bannière pour se faire livrer quelques-uns de ses thés favoris.

C’était un fait que les livreurs ne sonnaient jamais et qu’il fallait ensuite se rendre au centre de tri sur le continent à l’aide du bateau du désagréable vieux Georges, un capitaine unijambiste et manchot. Et qu’Amazing allait encore lui facturer des frais supplémentaires à cause des “difficultés rencontrées par le livreur à accéder à la boîte aux lettres”. Mais tous les autres livreurs ne parvenaient même pas à parvenir jusqu'à l'île, et cela se prétendaient “plus rapide que ceux-ci, meilleur que ceux-là,”, mais surtout les plus menteurs…

Elle n’avait pas le choix, en prenant contact avec l'agence de Cork. Le créneau de livraison se situait le 12 décembre, entre l’aube et le crépuscule. Elle fermerait boutique pour ne pas rater le passage du livreur. On l’informa qu’elle bénéficierait d’un nouveau transporteur.

Arriva la date fatidique, le temps était au beau fixe, mais elle sentait dans ses os fatigués que cela ne durerait pas. Preuve en était qu’elle n’entendait plus les piaillements d’oiseaux des fée’alaises, ces insupportables créatures qu’elle n’était pas parvenu à chasser.

Elle reposa son livre en entendant les cris des fées et eut une vision qui lui coupa la chique. Le point dans le ciel grossit rapidement. Elle vit une nuée d'oiseaux qui transportait une cage hurlante. Le colis semblait ballotté en tous sens. Puisque les oiseaux ne pouvaient guère s’en éloigner, du fait de la longueur de corde relativement courte. La scène avait quelque chose de surréaliste. De voir le colis vivant essayer d’attaquer les livreurs ailés. La nuée finit par se poser, tandis qu’un pélican se détachait de la nuée pour s’avancer vers elle, tout en semblant se métamorphoser.

“Chère madame, la société Colibird est heureuse d’être arrivée à bon nid avec votre colis.”
“Qu’est-ce-que… ?” Fit-elle en réhaussant ses lunettes pour mieux le regarder.
“Je disais : la so-cié-té Co-li-bird- est heu…” Commença le facteur en articulant les mots.
“Je suis vieille mais pas encore sourde !” Le coupa-t-elle.
“Pardonnez-moi, il s’avère que je suis novice et que nous n’avons pas encore beaucoup d’expérience et que transporter votre colis fut une sacré aventure.”
Elle ne l’écoutait plus, s’approcha de la cage qui se mit à cracher et à feuler de plus belle.
“Toi, mon tout beau, tu vas vraiment être parfait pour vivre près de moi.” Tandis qu’elle ouvrait la cage, une ombre noire en bondit, puis disparut dans un buisson.
“Venez mon brave, vous avez bien mérité un thé, je demanderais spécifiquement votre société la prochaine fois et je vous mettrais 5 étoiles.”

Commentaires

  1. D'abord - je surkiffe toutes les références et le "vécu" qu'on ressent dans ce texte - ensuite je sais pas pourquoi, j'ai des souvenirs de "Cigogne et Compagnie" plutôt sympathiques !

    J'aimerais trop voir ce Maine Coon Highlander *o*

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    Réponses
    1. Celui-là, il est cool. J'ai bien aimé cet idée de facteur aux oiseaux. ;)

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Présentation du projet

Bonjour à toi, Lecteur de passage, Pendant vingt-quatre jour, tu vas pouvoir parcourir une multitude d'univers différents. Bon voyage ! Genèse du projet : J'ai proposé à une amie écrivaine un premier projet. Nous choisissions cinq mots chacune, pour écrire chacune dix textes. L'objectif étant d'écrire sur le même mot mais sur deux sens différents. Ce projet est la suite du premier. Nous devions écrire vingt-quatre textes d'une seule page pour faire un calendrier de l'avent textuel. Le fil rouge étant la transmission d'un cadeau d'histoire en histoire. J'ai décidé de me rajouter un petit objectif personnel en plus : que le cadeau grossisse de texte en texte, passant de la taille d'une graine à celui d'une planète. Vous pourrez vous inscrire à la newsletter pour recevoir le texte du jour dans votre boîte mail. N'hésitez pas à commenter les textes, j'envisage de continuer ceux qui plaisent le plus. Bonne lecture ! 

Premier jour

L’ambiance dans la petite jardinerie de quartier évoquait plus la serre tropicale d’un fleuriste fou qu’un magasin où l’on pouvait acheter un bouquet pour la fête des mères. En apercevant la boutique de l’extérieur, on pouvait se demander si elle était réellement ouverte. En passant la porte, il fallait quelques instants pour s’habituer à l’odeur d’humus. Il y régnait une moiteur étouffante, on pouvait difficilement circuler sans heurter le coin d’une table, devoir écarter une liane ou quelques autres feuilles d’une plante qui se serait étendue hors de son pot. Mais la propriétaire, une petite mamie qui se déplaçait à l’aide d’une canne, adorait cette ambiance particulière, il faut dire que les plantes qu’elle vendait ne pouvaient pas orner tous les balcons. Elles étaient carnivores ! Elle avait toujours aimé les fleurs et les plantes en général, si bien que ce métier s'était imposé à elle, suite a sa reconversion : auparavant elle était botaniste mais en avait eu marre qu'on

Sixième jour

Sitôt que la pluie se fut arrêtée, un sifflement retentit en bordure sud de la clairière, tandis qu’à son exacte opposé se faisait entendre un son similaire. Les herbes hautes se mirent à bouger, comme si une armée s’y déplaçait. Un petit escadron jaunes et noirs d’éclaireuses volantes surgit du nord pour observer l’emplacement du champs de bataille. Tandis qu’au sud, les herbes s’écartèrent pour livrer passage à un régiment de scarabée poussant leur boule de fumier. L’armée fit son apparition, répartit en une douzaine de file indiennes derrière des fourmis combattantes. Mais au sud, une armée de couleur rouge était aussi en train d’organiser ses colonnes. Elle était accompagnée par une dizaine de coccinelles qui protégeaient ses flancs. Les hautes herbes continuaient de remuer, signe que tous les renforts n’étaient pas encore arrivés. Des battements d’ailes se firent entendre tandis que surgissait du couverts des arbres un papillon Paon-du-Jour sur lequel se tenait le général sudiste,