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Deuxième jour



La souris grise ne prit le temps d'examiner sa trouvaille qu'une fois en sécurité. C'était une sorte de minuscule cadeau cubique vert, entouré d'un flot rouge décoré de deux rangées de triangles blancs, qui n'était pas sans rappeler la chose qui avait tué son compagnon. Il aurait dû être moins glouton.


L'étrange cadeau sentait comme une graine, si bien qu'elle le déposa dans sa réserve de nourriture. Celle-ci était un dé à coudre en plastique qu'elle pouvait transporter. Cet objet était indispensable à la réalisation du PLAN : le Projet de Libération des Albinos Natives.


Elle les avait vu toutes ces pauvres souris blanches qui vivaient entassées en attendant de finir sacrifiées. Mais jusque-là, elle n'avait pas trouvé le courage de quitter sa petite routine pour partager leur combat. Elle les entendait tous les soirs, se disputer sur la meilleure méthode et tenter des évasions qui n'aboutissaient que très rarement. Mais ça c'était avant que son sourisseau ne se fasse attraper dans un piège, à cause d'un morceau de fromage. 


Depuis elle avait mis en place les différents éléments du PLAN et venait enfin de récupérer la pièce maîtresse. Elle agirait cette nuit. Il ne restait plus beaucoup d’albinos dans la cage, cela signifiait qu'une nouvelle cargaison allait arriver sous peu.

Elle eut mal au cœur en entendant les cris de peur qui émanaient de la boîte, mais le PLAN nécessitait d'attendre le bon moment. Elles furent balancées dans un vivarium. Le groupe resta prostré dans un coin tandis qu'une vieille souris sauvage décidait d'explorer, malgré les avertissements du groupe. En voyant cela, la libératrice décida de se hâter, elle grimpa sur un carton vide qu'elle avait rapproché nuit après nuit. Une fois là-haut, elle se jeta sur le toit de la cage, pour ouvrir avec grand peine la trappe de ventilation.


Tandis qu'à l'intérieur, la vieille souris se rapprochait de l'occupant qui semblait dormir. Mais au moment où le PLAN se mettait en place, il ouvrit un œil et sa langue bifide se posa brièvement sur la proie qui se tenait devant lui. Celle-ci ne dût pas l'attirer puisqu'il s'en désintéressa pour approcher du groupe. 


La libératrice cria pour attirer l'attention sur la laisse de chien qui pendait. Certaines souris comprirent qu’une chance leur était offerte et s’élancèrent dessus. D’autres hésitèrent, laissant au prédateur le temps d’approcher. Soudainement ce fut la panique quand l’ombre serpentine fut presque sur elles. Les souris commencèrent à grimper les unes sur les autres afin de sortir au plus vite de ce piège de cristal.


La souris du haut les encouragea, tout en surveillant la progression de son sourisseau mais celui-ci ne parvenait pas à s'accrocher sur la corde improvisée, si bien qu'elle se laissa tomber dans le vivarium près de lui, pour le pousser vers la liberté. Au moment où ils atteignaient le toit. Le serpent fut sur eux, il se dressa et planta ses crocs dans le corps de la souris. Celle-ci s'accrocha de toutes ses forces à la laisse, mais ce ne fut pas suffisant. Elle échangea un long mais dernier regard avec le souriceau avant de tomber en arrière. 


L'une des albinos libérées posa doucement sa patte sur son dos pour le ramener à lui. Il s'ébroua avant de les conduire jusqu'au trou qu'il partageait avec sa mère. L'espace n’était pas grand, encombré par les albinos, dont une sorte de boule blanche qui roula hors du trou pour glisser sous une table.


Les albinos se partagèrent les graines qu’avait patiemment amassé la souris grise qui était venue les libérer, tandis que le sourisseau se couchait dans un coin, incapable de manger. Jusqu’à ce que l’une des survivantes vienne lui déposer un petit paquet cadeau. En l’ouvrant, il sut à quoi il consacrerait sa vie, dut-elle un jour se finir comme celle de sa mère. 


Commentaires

  1. Bouuuh... J'aime beaucoup cette histoire, mais qu'elle est triste :/ Pauvre petit souriceau... Courage petit bonhomme! C'est beau l'amour de sa maman...
    Soit dit en passant, j'adore l'espèce de 2 en forme de souris !

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    1. Oui, j'ai essayé de teaser l'histoire du jour avec les couleurs du numéro. Mais j'avoue que le "2" n'est pas le chiffre que j'ai le plus réussi.

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  2. C'est joliment écrit en tout cas et ça ne manque pas d'originalité. On sent que tu as fait des efforts.

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