Accéder au contenu principal

Onzième jour



Ils se retrouvèrent quelques jours après la cérémonie de répartition dans la bibliothèque.
“Je suis retournée le lendemain sur le chemin de traverse, mais figurez-vous que la boutique avait disparu comme si elle n’avait jamais existé” Fit Abigail, tandis que Tom ricanait.
“Je ne suis pas d’accord, je pense juste que certaines choses sont inexplicables.” Fit Alex en caressant une sorte de mini hippogriffe qu’il avait eu dans son cadeau.
“Bon et toi, Abi, tu ne veux toujours pas nous dire ce qu’il contenait ?” Fit Lucia.
Son amie sourit sans répondre. Comme si la troisième règle devait continuer de s’appliquer.
“Vous avez vu ce que le professeur Brûlopot nous fait étudier comme premier livre ?”

Il était une fois un capitaine de navire qui chassait le narval dans la mer arctique, pour leur corne. Il n’avait qu’un petit bateau, puisque les autres marins ne lui accordaient pas de foi, depuis qu’il avait perdu sa jambe et son bras gauche le conduisant à ne se déplacer qu’en longeant la coque de son navire toujours dans le même sens. Il les avait perdu à cause d’un kraken albinos. Quand il avait raconté son histoire au port, tous s’étaient moqué de lui, sa terrible bête n’existait pas, il avait simplement trop abusé de la bouteille. Tout le monde savait que les krakens étaient aussi sombres que les tréfonds de l’océan et ne s’intéressaient qu’aux bateaux transportant de l’or, parce que ces animaux aimaient empiler les pièces. Si bien que le jour où un journaliste de la gazette du Corbac déchaîné lui proposa un article sur ce kraken albinos, le capitaine s’en était réjouit. Il avait même été jusqu’à offrir quelques piécettes à un jeune du port pour que celui-ci file à la taverne, porter le message à son mécanicien qu’il embarquait immédiatement. Il ne fallait pas que le scribouillard ne discute avec les autres capitaines.

“Il faut regagner le port, c’est bientôt la nuit, on n’a pas de visibilité.” Fit le journaliste.
“S’il apparaît, c’est maintenant que vous le verrez le mieux, il est luminescent et on va pas heurter un cachalot ?”
“Mais… mais…” Le journaliste bégaya, à court d’argument, se demandant dans quel guêpier ses collègues l’avaient fourré, en prétextant le reportage du siècle pour l’envoyer ici.
“Et p’is, bientôt, il fera aussi clair qu’en plein jour.” Le capitaine sortit par la droite, longea la coque jusqu’à une petite armoire métallique. Il sortit une clé qu’il gardait attachée aux poils de sa barbe. Le journaliste aperçut de nombreux boutons, voyants et autres manivelles.
Le capitaine jeta un coup d'œil suspicieux à son invité, consulta un papier pour actionner les interrupteurs sans hésitation : des projecteurs situé sous le bateau s’allumèrent.
“Allez aider le mousse, on va ramener la barbaque. Vous aurez vot’ photo, et moi ma preuve.” Il se détourna de son invité, pour guetter l’apparition de la bête.

Tandis qu’ils se trouvaient dans la cale, ils entendirent, comme un choc contre la coque, un cri interrompu et un grand plouf. Ils remontèrent pour constater la disparition du capitaine et des remous dans l’eau. Quelque chose creva la surface : le capitaine essaya de crier, mais ne fit que cracher de l’eau, avant qu’un tentacule opalescent ne l’attirer dans les profondeurs. Depuis le bateau, ils apercurent enfin le kraken blanc, celui-ci paraissait effectivement bien plus petit que ses congénères. S’ensuivit un combat épique, tandis que le capitaine essayait d’attraper la bouée. Il disparut sous l’eau. Celle-ci prit soudainement une coloration rougeâtre, sans qu’il soit possible de déterminer qui avait été blessé.

Le capitaine creva la surface, en tirant quelque chose, qu’il avait accroché à sa ceinture.
Ils découvrirent que c’était une sorte de cadeau de couleur brune aux rubans dorés.
“Z’avez eu vot’ photo j’espère, parce qu’on rent’ au port. J’ai volé l’trésor du kraken !”

Commentaires

  1. Moby Dick le retour en mode kraken! J'ai surmonté ma phobie des tentacules pour le lire celui-ci :3
    Un sacré gaillard, ce capitaine! Il me rappelle quelqu'un un peu ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oohh excuse-moi j'aurais dû te prévenir. J'essayerais de m'en souvenir pour la prochaine fois. Les caractéristiques du capitaine sont inspiré du Dahu (une "créature" qui vit dans les montagnes, elle a deux pattes plus courtes d'un côté et ne peut donc avancer qu'en avançant ou en reculant sur le flanc des montagnes.)

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Premier jour

L’ambiance dans la petite jardinerie de quartier évoquait plus la serre tropicale d’un fleuriste fou qu’un magasin où l’on pouvait acheter un bouquet pour la fête des mères. En apercevant la boutique de l’extérieur, on pouvait se demander si elle était réellement ouverte. En passant la porte, il fallait quelques instants pour s’habituer à l’odeur d’humus. Il y régnait une moiteur étouffante, on pouvait difficilement circuler sans heurter le coin d’une table, devoir écarter une liane ou quelques autres feuilles d’une plante qui se serait étendue hors de son pot. Mais la propriétaire, une petite mamie qui se déplaçait à l’aide d’une canne, adorait cette ambiance particulière, il faut dire que les plantes qu’elle vendait ne pouvaient pas orner tous les balcons. Elles étaient carnivores ! Elle avait toujours aimé les fleurs et les plantes en général, si bien que ce métier s'était imposé à elle, suite a sa reconversion : auparavant elle était botaniste mais en avait eu marre qu'on ...

Deuxième jour

La souris grise ne prit le temps d'examiner sa trouvaille qu'une fois en sécurité. C'était une sorte de minuscule cadeau cubique vert, entouré d'un flot rouge décoré de deux rangées de triangles blancs, qui n'était pas sans rappeler la chose qui avait tué son compagnon. Il aurait dû être moins glouton. L'étrange cadeau sentait comme une graine, si bien qu'elle le déposa dans sa réserve de nourriture. Celle-ci était un dé à coudre en plastique qu'elle pouvait transporter. Cet objet était indispensable à la réalisation du PLAN : le Projet de Libération des Albinos Natives. Elle les avait vu toutes ces pauvres souris blanches qui vivaient entassées en attendant de finir sacrifiées. Mais jusque-là, elle n'avait pas trouvé le courage de quitter sa petite routine pour partager leur combat. Elle les entendait tous les soirs, se disputer sur la meilleure méthode et tenter des évasions qui n'aboutissaient que très rarement. Mais ça c'était avant que s...