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Neuvième jour


Un groupe de jeunes avait décidé de se rendre dans la maison du vieil oncle Jordy, un illuminé qui avait fui toute forme de civilisation, excepté ses visites régulières au bistrot du village en s’installant sur le Blue Mountain. On raconte qu’un jour, il n’était plus venu. Personne ne s’était inquiété, il devait être en train de cuver sa gnôle maison. Cependant, une semaine plus tard, toujours rien. Quelques curieux étaient montés et avaient trouvé sa porte enfoncée et son mobilier fracassé. Mais du vieux Jordy, aucune trace.

Sa cabane devint alors une sorte de pèlerinage pour les jeunes voulant avoir peur. Il y avait une sorte d’aura particulière à parvenir à s’y rendre le soir d’halloween, mais peu de gens pouvaient se vanter d’y être parvenu. La plupart renonçaient en redescendant aussi vite qu’ils y étaient montés. Et personne n’acceptait de parler de ce qui les avait effrayé à ce point. Ils garèrent la voiture dans la clairière pour continuer à pied. La cabane était petite, construite avec des planches de récupération. Les fenêtres n’avaient pas de vitre, seulement une vague grille métallique. Une petite terrasse couverte abritait une ancienne chaise à bascule. La porte était cadenassée, mais elle était tellement vieille qu’il suffisait de la pousser pour entrer. L’intérieur n’aurait jamais pu être qualifié de cosy, même lorsque son propriétaire y vivait encore. Le lit était défoncé, les placards n’avaient plus de porte, des objets méconnaissables trônaient sur les étagères. Un réchaud faisait office de cuisinière et de chauffage. Une porte menait à ce qui avait dû être une salle d’eau, avec un bac de fer pour se laver et un simple trou dans le sol pour les toilettes.

Le tour des lieux se faisait en un coup d'œil. Mais les jeunes ne montaient pas ici pour jouer aux agents immobiliers. Ils s’installèrent sur les quelques caisses qui faisaient office de siège. Au fur et à mesure que la nuit avançait, l’ambiance devint propice aux diverses confidences entre deux histoires de fantômes. Soudain, un grand bruit résonna à l’extérieur, les faisant tous sursauter. Les premières réactions furent des rires nerveux, mais quand celui-ci se répéta, ils voulurent s’enfuir. L’un d’eux se dirigea vers la sortie pour découvrir que la porte était bel et bien bloquée. Plusieurs tentèrent de l’ouvrir, sans succès, tandis que le bruit se répétait. Quelqu’un ou quelque chose rodait autour de la cabane.

Les jeunes cherchèrent des armes, tandis que l’un d’eux s’approchait de la fenêtre pour scruter l’extérieur. Un bras griffu passa brusquement à travers le cadre pour crocheter son cou, surprenant le petit groupe. Le temps qu’ils réagissent, leur ami s’effondrait sur le sol, la nuque brisée. Terrorisés, ils choisirent de se tenir loin des murs, tandis que la créature les guettait à travers les fenêtres. L’un d’eux fit soudain remarquer qu’on ne l’entendait plus. Ils tendirent l’oreille... avant d’entendre du bruit venant de la salle de bain. Elle se glissait par le trou des toilettes. Les hurlements fusèrent tandis qu’ils réessayaient d’ouvrir la porte. La créature les rejoignit et ils purent enfin l’admirer dans toute son horreur. Son corps était celui d’un épouvantail en décomposition et sa tête une citrouille à la figure effrayante. Elle leva les bras vers sa prochaine proie, tandis qu’ils essayaient de s’éloigner le plus loin possible.

Le premier coup survint par accident. Lorsque la pompom girl, qui s'était suspendue au lustre, tomba sur la créature, ce fut alors le début de la bataille. Les actions s'enchainèrent et la créature succomba sous leurs assauts acharnés. Ils se regardèrent, soulagés par leur victoire. L’un d’eux retira la citrouille pour voir si la légende du vieux Jordy était véridique. Ils eurent la surprise de découvrir un étrange cadeau de noël orange, entouré d’un ruban noir. Un grognement de douleur de la créature toujours en vie leur fit alors prendre la fuite. Il ne valait mieux pas tenter la chance.

Commentaires

  1. Atmosphère totalement surréaliste, c'est excellent, ce thème du cadeau... Je sais bien que c'est le fil rouge! Mais ce qu'il est capable de produire, j'adore - deuxième fois qu'il y a une histoire de "zombie", et c'est sûr qu'on y réfléchit à deux fois avant d'ouvrir un cadeau comme celui-ci! XD

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    Réponses
    1. Ma première incursion dans "l'horreur", je mets des guillemets, parce que ca fait pas peur en soit. Ce texte j'ai du le réécrire 4 fois parce que je trouvais pas le bon "ton". C'était frustrant.

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Présentation du projet

Bonjour à toi, Lecteur de passage, Pendant vingt-quatre jour, tu vas pouvoir parcourir une multitude d'univers différents. Bon voyage ! Genèse du projet : J'ai proposé à une amie écrivaine un premier projet. Nous choisissions cinq mots chacune, pour écrire chacune dix textes. L'objectif étant d'écrire sur le même mot mais sur deux sens différents. Ce projet est la suite du premier. Nous devions écrire vingt-quatre textes d'une seule page pour faire un calendrier de l'avent textuel. Le fil rouge étant la transmission d'un cadeau d'histoire en histoire. J'ai décidé de me rajouter un petit objectif personnel en plus : que le cadeau grossisse de texte en texte, passant de la taille d'une graine à celui d'une planète. Vous pourrez vous inscrire à la newsletter pour recevoir le texte du jour dans votre boîte mail. N'hésitez pas à commenter les textes, j'envisage de continuer ceux qui plaisent le plus. Bonne lecture ! 

Premier jour

L’ambiance dans la petite jardinerie de quartier évoquait plus la serre tropicale d’un fleuriste fou qu’un magasin où l’on pouvait acheter un bouquet pour la fête des mères. En apercevant la boutique de l’extérieur, on pouvait se demander si elle était réellement ouverte. En passant la porte, il fallait quelques instants pour s’habituer à l’odeur d’humus. Il y régnait une moiteur étouffante, on pouvait difficilement circuler sans heurter le coin d’une table, devoir écarter une liane ou quelques autres feuilles d’une plante qui se serait étendue hors de son pot. Mais la propriétaire, une petite mamie qui se déplaçait à l’aide d’une canne, adorait cette ambiance particulière, il faut dire que les plantes qu’elle vendait ne pouvaient pas orner tous les balcons. Elles étaient carnivores ! Elle avait toujours aimé les fleurs et les plantes en général, si bien que ce métier s'était imposé à elle, suite a sa reconversion : auparavant elle était botaniste mais en avait eu marre qu'on

Sixième jour

Sitôt que la pluie se fut arrêtée, un sifflement retentit en bordure sud de la clairière, tandis qu’à son exacte opposé se faisait entendre un son similaire. Les herbes hautes se mirent à bouger, comme si une armée s’y déplaçait. Un petit escadron jaunes et noirs d’éclaireuses volantes surgit du nord pour observer l’emplacement du champs de bataille. Tandis qu’au sud, les herbes s’écartèrent pour livrer passage à un régiment de scarabée poussant leur boule de fumier. L’armée fit son apparition, répartit en une douzaine de file indiennes derrière des fourmis combattantes. Mais au sud, une armée de couleur rouge était aussi en train d’organiser ses colonnes. Elle était accompagnée par une dizaine de coccinelles qui protégeaient ses flancs. Les hautes herbes continuaient de remuer, signe que tous les renforts n’étaient pas encore arrivés. Des battements d’ailes se firent entendre tandis que surgissait du couverts des arbres un papillon Paon-du-Jour sur lequel se tenait le général sudiste,