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Quatorzième jour


Il avait conscience qu’il n’aurait que peu de temps avant que toutes les polices françaises et internationales n’obtiennent son portrait-robot et officieusement une forte récompense pour sa capture. Si bien qu’il avait prévu un moyen pour disparaître. Il embarquerait sur un porte-conteneur à destination de la Chine. Personne ne penserait à le chercher sur un navire si lent et qui en théorie ne prend aucun passager, sauf quelques illuminés qui prétendaient pratiquer un tourisme différent.

Il arriverait à destination d’ici deux mois, les recherches devraient avoir commencé à se tasser d’ici là. Il regagna sa cabine après avoir eu droit à la rituelle visite des différents points d’intérêts du cargo. Il se laissa emporter par le sommeil.

Il voyageait sur un petit bateau, mais surtout, il lui semblait qu’ils naviguaient sur du sable, comme un océan d’or. Soudain le temps parut se couvrir, une tempête se leva, les dunes semblaient se mouvoir telles d’immenses vagues qui prenaient d’assaut le bateau. Deux autres marins couraient en tous sens en suivant les ordres que leur hurlait le capitaine. Lui restait immobile, un peu perdu dans cet univers qu’il ne connaissait pas. Soudain la tempête se leva véritablement, des rafales de sables piquants s’engouffraient partout sous ses vêtements. Mais il ne semblait y avoir nul abri sur ce navire derrière lequel il put se réfugier. Il ne paraissait désormais y avoir qu’un monde d’or brûlant.

Son souhait fut presque exaucé, puisque bientôt le frêle esquif sembla avoir heurté un rocher. Le capitaine lâcha une bordée de jurons, tout en essayant de conserver le contrôle de son bateau, tandis qu’un des marins se penchait par-dessus la coque pour faire une estimation des dégâts. Il n’en eut pas le temps, puisqu’un choc à l’arrière le fit tomber par-dessus bord, sous les yeux effarés du rêveur. Avant qu’il n’ait pu esquisser le moindre geste pour venir au secours de l’homme, celui-ci avait disparu, happé par la tempête. Mais il lui sembla apercevoir comme une forme dans le sable. Le deuxième marin l’avait vu aussi, parce qu’il se jeta de lui-même dans la gueule de la bête. Un dernier choc brisa le navire.

Le rêveur reprit conscience, un moment plus tard, il s’était accroché sur ce qui semblait une caisse. Il semblait effectivement flotter dans ce qui semblait un océan de sable. Il dériva pendant quelques heures, avant de tenter de s’orienter en remuant les jambes. La résistance était plus importante que dans l’eau, mais il n’y avait en contrepartie aucune vague, depuis que la tempête s’était calmée.

Les heures suivantes s’écoulèrent aussi lentement que s’il était prisonnier d’un sablier. Peu à peu, son esprit se focalisa sur une forme au loin qui brisait la ligne d’horizon. Il décida de s’y rendre, pour tenter de quitter ce liquide qui n’en était pas un. A force de s’agiter, il lui sembla discerner comme des remous mouvants autour de lui. Les choses qui avaient coulé l’esquif étaient-elles revenues pour achever le travail ?

Enfin il aperçut ce qui devait être une sorte d’oasis, se déplacer dans cet océan de sable était épuisant. Mais il lui fallait s’en sortir. Il jeta ses dernières forces dans la bataille. En arrivant près de l’île végétale, il découvrit que c’était en fait une sorte d’arbre particulier qui étendait ses branches et ses feuilles sur le sable. Il s’approcha du tronc pour se reposer. Il avait bien mérité d’ouvrir le cadeau. Il eut un grand sourire en découvrant son contenu.

Avant de se réveiller, il se trouvait toujours dans sa cabine sur le porte-conteneur. Quel rêve étrange ! Il espérait que celui-ci ne serait pas prophétique.

Commentaires

  1. Etrange rêve, mais folle épopée.. J'aime beaucoup te lire dans tes textes marins, ils sont particulièrement joliment écrits je trouve!!

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    1. Celui-là était cool, j'en avais écrit un autre dans le genre avec un navire perdue sur une mer de sable. Je te l'enverrais si tu veux.

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