Huitième jour

Il se rendit dans un kiosque à journaux pour vérifier si l’article qu’il avait envoyé, y figurait bien et s’ils n’avaient pas encore écorché son nom de famille, comme la fois précédente. Il repéra un article de magazine sur la nouvelle attraction d’un parc zoologique.

La publicité avait été diffusée partout, si bien que le jour de son inauguration il y avait foule. Tout le monde voulait évidemment voir la nouvelle attraction. On avait fourni à chaque visiteur un casque audio qu’ils ne devaient retirer sous aucun prétexte en pénétrant dans le dôme, tout ceci pour leur sécurité. Ils écouteraient de la musique en fond sonore ou leur guide. On y accédait par un chemin balisé au milieu de pin parasol planté afin de protéger les visiteurs. Un tunnel de verre avec trois portes intérieures servaient de sas. En pénétrant enfin dans le dôme, ils étaient soufflés par la beauté du paysage : un vaste lac artificiel bordé de petites plages mais surtout d'îlots rocheux. Ceux-ci étaient répartis sur toute la surface de l’eau. Le circuit se poursuivait sur des pontons de bois sur pilotis jusqu’à la sortie qui se trouvait de l’autre côté du dôme.

Les visiteurs se répartissent le long des passerelles, cherchant à repérer les occupantes du vaste enclos. Leur guide les prévint qu’il était sans doute trop tôt, puisque les soigneurs n’étaient pas encore passés pour les nourrir. Mais cela ne saurait tarder, les assura-t-il.

Un carillon résonna près d’un petit bateau à l’allure égyptienne que tous avait pris pour un simple décor. Les trois soigneurs s’approchèrent des bords, visiblement alourdis par le poids de plusieurs bacs qu’ils vidèrent dans le lac. Immédiatement les eaux se mirent à bouillonner. Mais rien ne perçait la surface de l’eau à la grande frustration du public. Le guide s’autorisa un petit sourire, ils en auraient bientôt pour leur argent. La principale caractéristique de cette nouvelle attraction était son véritable labyrinthe aquatique. Celui-ci permettait d’admirer le lac sous un nouveau jour, et cette fois-ci ses mystérieuses occupantes ne pouvaient se camoufler.

Les enfants se mirent à courir pour pénétrer les premiers dans les tunnels de verre, se voulant explorateurs, tel Ulysse cherchant à traverser la mer. Le guide rassembla son groupe pour leur expliquer pourquoi le dôme avait été construit ainsi.

Ce fut à cet instant précis qu’elles choisirent d’apparaître. Le groupe était composé d’une vingtaines d’individu : elles étaient toutes différentes, aussi bien de couleur de peaux que d’écailles. Elles étaient magnifiques et subjuguaient aussi bien adultes qu’enfants. Les voir évoluer dans leur milieu naturel était apaisant, presque hypnotique. Le guide invita le groupe à remonter sur les pontons en surface.

Les sirènes les suivirent, certaines s’installèrent sur les îlots rocheux, tandis que les autres nageaient autour des visiteurs, passant entre les piliers sous les pontons. Les créatures aquatiques se mirent à chanter pour tenter d’attirer les visiteurs dans l’eau, mais la musique dans les casques les plaçaient hors d’atteinte de leurs chants. Le guide proposait aux visiteurs un petit jeu : les sirènes étaient récompensées par leurs poissons favoris quand elles repêchaient des objets. L’une d’elles déposa un paquet cadeau mouillé de couleur vert d’eau avec un ruban plus foncé aux pieds d’un jeune homme en sweat de sport. Celui-ci le ramassa mais fut très surpris par son poids, comme s’il contenait un véritable boulet de canon. Le guide le félicita pour avoir tapé dans l'œil des sirènes.